Val Gesso chapitre 2 : Bouquet des Amis à la Cime Nasta

Deuxième jour du périple, au menu d’aujourd’hui c’est « Bouquet des Amis » ! Ouverte par Patrick Gabarrou en 2005-2006, cette course a l’air d’être sérieuse comme il faut : TD+ 400m d’ascension en 6a obligatoire avec une longueur de 6b et une sortie au sommet par des longueurs d’arrêtes !!!!
J’avoue que nous étions assez excitées à l’idée de marcher sur les traces de Monsieur Gabarrou !!

Ayant dormit au lac de Nasta et non pas au niveau du refuge Remondino, nous n’avons pas pu repérer la voie au préalable, et nous avons eu beaucoup de mal à trouver l’attaque. Nous pensions que l’itinéraire se trouvait assez proche du sentier montant au lac de Nasta, alors qu’en réalité ce n’était pas le cas du tout. Il nous a fallut 1h30 pour nous dépatouiller de notre incompréhension… Erreur qui est facilement évitable lorsqu’on arrive du refuge depuis lequel il y a une vue d’enfer sur la grande face NW de la cime.


Enfin au pied de la face, nous découvrons le fameux névé pérenne qui englobe l’attaque de la voie. Gare à la glissade !! Ce névé a bien du caractère pour une fin de saison !! La prudence et surtout les crampons en début de saison sont bien plus que conseillés.

Après avoir passé l’étape « névé glissant » il s’avèrerai maintenant de passer l’étape « première longueur en 6a avec bonus engagement et fraicheur en face NW ».  Une grimpe technique tout en placement et en lecture, avec un équipement bien bien aérien. Une longueur pas si facile, qui demande une bonne concentration, mais une longueur absolument superbe !

C’est ensuite au tour de Emma de s’élancer dans L2, le fameux 6b soutenue de la voie. La longueur commence par un court passage de dalle sans difficulté particulière, puis ensuite se présente le petit surplomb qui vient corser les choses.

Emma attaque le surplomb avec un bon placement et prend le temps de lire le passage histoire de ne pas se faire avoir. C’était sans compter sur un petit piton qui s’était caché dans la petite niche à droite sous les feuillages. Une bonne écaille lui tend les bras mais pourtant le passage du surplomb se fait en restant bien sur la gauche !! En allant clipper le piton Emma s’est épuisée et s’est légèrement sortie de l’itinéraire… Elle ratera l’enchainement de pas beaucoup, mince !
Mais ce n’est pas grave, au moins elle a profité de son repos pour déclipper le piton qui lui aurait fait beaucoup de tirage.


C’est ensuite une belle dalle en ascendance vers la gauche qui fait suite au surplomb, et finalement nous avons trouvé que la cotation se jouait davantage sur cette partie là de la longueur que dans le surplomb ! La dalle est très fine, avec des points pas si proches que cela encore une fois, et nécessite une bonne lecture.


Cette fois ci c’est à mon tour de me faire rouster ! Je m’élance dans L3 puis m’arrête aussitôt, dubitative face au petit surplomb en 6a qui me fait face et que je ne sais comment dépasser. Le petit bloc coincé quie se présente à moi est assez branlant, dommage.


Après un petit temps de réflexion je réussi à passer ce surplomb et continue la longueur vers les grosses écailles au-dessus, que l’on doit longer un peu en restant sur la gauche avant de les enjambées et continuer sur la droite.


Au relais, fait frisquet un peu !!


Et derrière nous le joli refuge de Remondino, tenu par Madame Franca Torre-Gabarrou !!


C’est partie pour L4 ! Normalement les difficultés sont derrières nous, les deux premières longueurs étant les plus dures de la voie. Emma attaque donc une belle longueur de 5+ en bon rocher qui remonte à la fois dans un dièdre puis sur le fil du pilier. On rejoint R4 qui se situe sur le flanc droit du pilier.


L5 commence par un passage en traversé un peu gazeux car légèrement à flanc mais facile, puis rejoint une belle dalle bien prisue et fracturée. A la sortie de celle-ci se trouve un relais intermédiaire que l’on peut utiliser pour diminuer le risque de tirage.


Nous décidons de ne pas nous arrêter et de continuer en attaquant le surplomb, c’est l’heure de la deuxième rouste pour moi ! Je tente de passer par le bas du surplomb alors qu’une superbe fracture se présente tout le long de sa partie haute. Dommage je me suis épuisée et le repos s’impose. Avec en prime le bonus poids mort à la place de la corde, il va vraiment falloir que je m’améliore sur la gestion du tirage…
Puis l’on sort par une magnifique dalle qui déroule bien. En résumé, si l’on fait abstraction de tous ces petits couaques de gestion/lecture, encore une autre longueur trois étoiles ! Très variée, en super rocher, et au soleil !! aaaahh enfin !!
 

Oups, un oubli de transfert d’appareil photo ! Voici donc la sixième longueur cotée 5+ en vue plongeante  L’ambiance est bien présente dans cette magnifique face NW !


Avec comme voisin direct le géant du Mercantour, la vue est véritablement royale !
D’ici on peut aussi apprécier la raideur du « Passo de détritis ». Dire que l’on s’est retrouvée à le descendre sur quasiment 1/3 dans les dalles lisses qui le borde parce que le chemin était caché sous la neige… Il ne fallait vraiment pas zipper, la vache ce que c’est raide !  


On continue avec L7 longueur très peu équipé qui demande une bonne lecture et une bonne gestion du tirage (mais ça je vous ai déjà dit que ce n’était pas mon fort ?). Arrivée à la grande terrasse en moitié de longueur, impossible de continuer. Je fais donc un relais intermédiaire avec la fissure située au-dessus de la terrasse. Emma me rejoint et c’est finalement elle qui va se retrouver à faire le passage en dalle bien expo et non protégeable de la longueur… Encore désolé…


La guerrière au relais, pas vraiment traumatisée par le passage expo !
C’est sur cette belle terrasse que nous décidons de manger un bout car même s’il ne reste plus qu’une longueur propre à la voie, pour rejoindre le sommet depuis R8 il faut encore emprunter au moins deux longueurs de « raide » puis deux longueurs d’arrêtes, alors autant recharger les batteries et sortir le saucisson !


Dans L8, Emma rejoins le relais de cette longueur de 5 quelque peu expo mais qui déroule bien.


Pour rejoindre le sommet, nous décidons de faire des anneaux de buste et de partir en corde tendue afin de ne pas mettre trop de temps dans les relais ni d’être bloquées par le tirage. La première partie correspond à l’ultime longueur de la voie Vernet annoncée 4+. Elle passe dans la ligne de fracture verticale à gauche de Emma sur la photo.


Oh le petit piton raté juste sous la sangle !


Puis la traversée qui mène au dernier mur vertical coté 5 (+ ??), et qui permet de rejoindre les arrêtes.


Sommet en vue !


Le relief des arrêtes permet un bon assurage dynamique, c’est top !


SOMMET !!


Nous sommes ravies !! Véritablement une super course d’alpinisme !!
D’une complétude totale et dans un rocher excellent, que dire de plus à part : Merci Patrick Gabarrou !!
 

Vue imprenable sur l’Argentera ainsi que sur la course que nous allons faire demain la Sigismondi (Collet de Freshfield ; Cime Purtscheller ; Cime Genova ; Arrête Sud et sommet Sud de l’Argentera).


Puis nous attaquons la descente par la voie normale qui passe versant Est, et rejoint le col della Forchetta, descente facile et bien balisé menant au lac de Nasta.


Nous récupérons nos gros sacs, et descendons au refuge Remondino établir notre campement sous LE gros caillou !! Ahaha dément !!  Merci Gary pour le bon plan déniché sur ton blog !!


Mais dis donc, pourquoi cette photo a-t-elle était prise d’aussi haut ? Et bien parce qu’il fallait oublier l’appareil photo au lac et s’en rendre compte une fois arrivées au bivouac pardi ! C’était une journée trop reposante s’il n’avait pas fallu tout remonter !

Heureusement qu’au refuge ils font de bons chocolats chauds à l’italienne, le plan idéal pour se réconforter en fin de course, huum miam miam…