Souvenirs du Ladakh...
Page 1 sur 1
Souvenirs du Ladakh...
Quelques photos souvenir d'une expédition en 2015, dans la région du Ladakh...
Organisée par une équipe du SAMU de Nice habituée à faire des expéditions sur des trekking peak dans cette région du Nord de l'Inde.
Noel, ambulancier du SMUR, un mec au coeur immense et aux mollets d'acier, connu pour sa première expé labas où il avait parcouru le plus haut col de la planète sur route carrossable, à 5300m, le Khardung La... En Vélo bleu !! Une sacré performance !
Arrivés à New Delhi au début du mois de Juillet, cette immense ville ne peut laisser quiconque indifférent... L'aversion totale pour certains, ou une passion exotique pour d'autres, pour cette ville où les bruits, les odeurs, la population est omniprésente et vient nous heurter dès la sortie de l'avion, nous petits européens bien peu habitués à ce chaos urbain.
Après 24h d'errance dans le très bel aéroport de la métropole, nous embarquons pour un petit vol, direction de Ladakh.
à travers le hublot, on peut voir la grande chaîne de l'Himalaya, "le pays des neiges éternelles", et ses sommets les plus célèbres notamment le K2 dans la région du Karakorum, bien visible à l'Ouest au Parkistan.
à la différence de New Delhi, Leh, capitale du Ladakh, a encore l'apparence d'une ville à l'échelle humaine.
Les rues principales sont bondées la journée, encerclés par de très nombreux magasins touristiques qui vendent tous des fameuses écharpes en pseudo "pachmina", où des magasins de montagne avec de très belles contrefaçons hors de prix et des piolets techniques d'un autre temps, visiblement récupérés d'expédition.
On y croise de nombreux européens dans les rues, et beaucoup de jeunes partis visiblement à l'aventure en mode "Back Pack".
Sous ses faux airs de ville authentique, Leh demeure tout de même désormais très tournée vers le tourisme et nombreux sont les marchants et les agences de trekking peu honnêtes...
Notre groupe était constitué de 6 personnes,
Noel, l'organisateur principal, Bruno pompier volontaire et Facteur, Pierre interne en médecine d'urgence, Solène une étudiante et Romain un peu étudiant également.
Le voyage début par un premier trek d'acclimatation.
Une randonnée dans les vallées du Ladakh sur 7jours où on va enfin pouvoir découvrir la montagne.
De retour du GR20 bouclé en 9 jours dans sa version Alpine avec mon ami Jean, j'avais pendant cette expédition un plutôt bon cardio.
Si bien que, une fois aux "Guest House", logement d'hébergement pour les trekkers dans les villages, alors que mes amis se reposaient, j'ai eu la chance de pouvoir aller explorer les "collines" des alentours, des butes de rocaille de 500 à 800m de déniv depuis les villages, mais dépassant souvent l'attitude du Mont Blanc.
Les gens qui nous accueillent dans les villages sont très simples, très gentils aussi. Vivant de leur récolte et de leur bêtes, on sent bien qu'ils n'ont pas besoin de nous et de notre argent facile et que l'échange avec eux est beaucoup plus sain.
Je me souviens d'un sommet en particulier, un espèce de kairn géant avec des parois rocheuses peu raides mais en rocher assez délité. J'avais pris une vieille paire de chaussons de montagne que j'ai gardé aux pieds pour grimper dans ce rocher friable, dans des difficultés ne dépassant pas le 3+ ou 4 tout au mieux.
Une fois au sommet, on y trouvait de nombreux cristaux de quartze. Je retire enfin mes chaussons et libère mes pieds un peu meurtris après cette grimpounette de 500m tout de même; je me souviens de la sensation agréable du vent frais et du soleil sur la peau...
La descente s'effectue par un grand couloir d’éboulis en fin graviers. Je descends d'abord prudemment mais finalement le terrain commence à rouler sous mes chaussures, finalement je prends de la vitesse et me voila à courir dans la pente comme dans la neige fraîche, qui ralenti cependant suffisamment ma course pour que cette descente reste contrôlée ! Puis je m'enfonce dans un endroit moins dense, au dessus un énorme nuage de poussière se dessine sur le flanc de la montagne... 4h d'ascension pour gravir 600m ou 700m de déniv depuis le niveau des habitations et 10min à peine pour descendre !
Finalement arrivé près du petit hameau montagnard, je me rapproche d'une petite barre rocheuse que je longe pour éviter une végétation dense et aride.
Mes yeux s'arrêtent soudains sur une tache tigrée au soleil... Je me souviens que mon cœur s'est accéléré comme si je venais de faire une connerie, un truc grave... Réveiller la bête mythique de ces montagnes et déclencher une catastrophe... Finalement la bête ne se réveillera jamais plus de son sommeil éternel, magnifique léopard des neiges... Ouf...
Cette nuit la je ne fermerai pas l'oeil, c'est un des premiers symptômes du mal des montagnes. Mais peut être aussi parce qu'un violent orage éclate dans la nuit et que le plafond laisse fuir des petites gouttes d'eau glacées qui coulent sur mon sac de couchage.
Repartis pour un nouveau village, et un nouveau sommet colline, à plus de 5000m cette fois.
une fois en haut, je me pose, je contemple ce land désert, très aride, immense... Je me sens perdu, pourtant tout est si calme et paisible. Chaque sommet que j'ai gravi durant tous les jours de trek, même isolé, était jonchés de nombreux kairns, signe que les hommes d'ici ont eux aussi la même envie d'exploration, de savoir "ce qu'il y a derrière" comme disait Marcel Pagnol.
Je comprendrais bientôt que faire des 5000 tous les jours, non acclimaté, est un facteur de risque de faire un MAM. Le lendemain, au passage d'un col, les céphalées qui étaient déjà présentes depuis la nuit s'accentuent.
Tout cela reste contrôlable. Heureusement avec un antalgique simple et un anti inflammatoire les symptômes tendent à régresser et nous pouvons passer le col et descendre vers le dernier village, point de ralliement vers la route et la civilisation.
Après un ravitaillement à Leh, on attaque cette fois l'approche vers notre objectif d'expédition. Le Kang Yatse, un sommet composé de deux parties, sommet I à 6400m et sommet II autour de 6200m.
Les sherpas sont très désorganisés... Le guide aussi d'ailleurs, avec des informations peu fiables et ne correspondant pas toujours à notre entente avant de partir.
Le camp est monté chaque fin d'après midi, bien souvent sous l'orage et parfois la neige.
Alors que la perturbation neigeuse approche au loin, les tensions montent dans le groupe, surtout avec Pierre qui est mon compagnon de tente, un gars assez sérieux, un peu trop sans doute, avec qui le courant ne passe vraiment pas.
le matin, les orages ont déposés grêle et neige qui fond rapidement.
Les pikas sont partout dans les plaines, ces espèces de chiens de prairie minuscules bien connus des alpinistes et randonneurs pour avoir la fâcheuse manie de se servir dans les provisions.
Après 6 ou 7 jours de marche nous arrivons au Kang Yatse.
l'objectif de l'expédition était initialement le sommet 1, mais suite à une mésentente avec l'agence de trek et le guide, nous optons plutôt pour le sommet 2. Un trekking peak classique, avec un glacier suspendu et une pente à 25/30° maximum.
plus le moment de l'ascension approche, plus je suis tendu... Voyant le guide qui semble beaucoup trop évasif dans ses explications et sa stratégie d'ascension, bien loin de mon habitude de prévoir mes sorties avec une grande préparation et une organisation un peu militaire...
Les paysages sont néanmoins sublimes mais j'ai l'impression de ne pas arriver à en profiter...
Je commence à me dire que finalement le sommet on s'en fout complètement et que il faut profiter et s’émerveiller devant ce paysage unique, tellement sauvage...
Une courte fenêtre semble se présenter, autour de 19 Juillet.
On part du campement un peu tardivement à mon gout... Le début des pentes est plutôt en bonne condition, mais sur le glacier la neige est très molle, c'est vraiment dur de faire la trace.
Alors que sur les "collines" j'étais vraiment bien avec mon souffle, cette fois je me sens essouflé, obligés de faire une pause tous les 10 à 20 pas.
Après 3 ou 4h d'ascension, la météo se dégrade franchement et nous sommes pris dans le brouillard.
Bruno est derrière moi, il a des propos incohérent, il semble épuisé.
Soudain il se jette au sol, s'allongeant dans la neige.
"ça va les gars, je fais juste une petite pause, allez au sommet ce n'est plus très loin".
Pas de doute, il faut descendre, la tempête n'est pas loin, Bruno ne va pas bien ! Pourtant il nous aura fallu plus de 10min pour prendre cette decision pourtant si évidente !!!! Est ce l’attitude, l'oedème cérébral a minima, l'engagement pour venir jusqu'ici, l'égoïsme? une question qui me hante encore...
Nous stopperons l'ascension autour de 6000m non loin de l'épaule sommitale.
La descente est pénible, Bruno fait de nombreuses chutes dans la neige, enrayées par la corde entre nous. Plus nous descendons et plus son état s'améliore, finalement nous rejoignons la limite de la neige... C'est terminé...
Alors que les autres rejoignent le camp de base, je reste la un bon moment, réfléchissant à la situation...
Quelques jours plus tard, descendus à Leh, les tensions dans le groupe ont disparus...
Nous profitons de la fin de notre voyage pour visiter les grands monastères de la vallée.
ici le Bouddha du Hemis Monastery, une véritable ville monastère qui a fait la célébrité touristique de la région.
L'occasion de visiter quelques écoles également pour y apporter des fournitures scolaires collectées en France. Nous sommes impressionnés par le niveau d'anglais et le sérieux des élèves !
Ces enfants qui viennent des villages reculés et marchent parfois des jours pour rejoindre Leh aux périodes de rentrée scolaire.
Nous visitons aussi le Pangong Lake, un lac d'altitude gigantesque qui sépare l'Inde de la Chine.
Depuis le logement je regarde les montagnes au dessus... Aller, une dernière petite "colline" en solitaire pour conclure le voyage !
L'ascension est rapide, je suis très bien acclimaté maintenant.
depuis le sommet, la vue est grandiose.
Photo prise par un Kairn.
Ce coucher de soleil sera un des plus merveilleux de ma vie.
Le froid est vif à 4900m, je n'ai qu'une polaire et une veste coupe vent par dessus.
Je souffle dans mon col pour me réchauffer, essaie de contracter mes muscles des épaules et du dos pour faire du catabolisme, me rappelant les cours de physio à la fac de médecine...
mais le spectacle en vaut la chandelle !
à la nuit tombée, je descends dans les pentes caillouteuses encore une fois instables.
Je retrouve mes amis pour un délicieux repas local dans une Guest House, tout le monde semble heureux.
Voila quelques souvenirs de ce voyage qui a maintenant 5ans.
J'en garde le sentiment d'avoir beaucoup appris sur le renoncement et la gestion des émotions en montagne, de la frustration, de l'envie déraisonnable, de l'égoïsme...
Les images de toutes mes "collines" seront toujours présentes. Je suis de nature un peu solitaire et ce voyage a été une véritable égérie de la contemplation en montagne...
Merci à Noel qui est vraiment un grand grand monsieur, toujours gentil, toujours marrant, et vraiment un grand sportif !
Merci à Bruno, le clown du groupe, lui aussi toujours prêt à rigoler et rentre service.
Merci aux autres pour tous ces moments de partage, merci aux Sherpas, au guide et surtout aux Ladakhi qui nous on si bien accueillis dans leur havre de paix.
à noter que pendant mon voyage, en temps de grimpeur frustré en manque de grimpe, j'ai essayé de grimper de nombreux blocs, j'ai cassés beaucoup de prises et je me suis beaucoup cassé la gueule aussi. Le rocher est vraiment sordide, n'y allez pas pour l'escalade rocheuse ha ha
Organisée par une équipe du SAMU de Nice habituée à faire des expéditions sur des trekking peak dans cette région du Nord de l'Inde.
Noel, ambulancier du SMUR, un mec au coeur immense et aux mollets d'acier, connu pour sa première expé labas où il avait parcouru le plus haut col de la planète sur route carrossable, à 5300m, le Khardung La... En Vélo bleu !! Une sacré performance !
Arrivés à New Delhi au début du mois de Juillet, cette immense ville ne peut laisser quiconque indifférent... L'aversion totale pour certains, ou une passion exotique pour d'autres, pour cette ville où les bruits, les odeurs, la population est omniprésente et vient nous heurter dès la sortie de l'avion, nous petits européens bien peu habitués à ce chaos urbain.
Après 24h d'errance dans le très bel aéroport de la métropole, nous embarquons pour un petit vol, direction de Ladakh.
à travers le hublot, on peut voir la grande chaîne de l'Himalaya, "le pays des neiges éternelles", et ses sommets les plus célèbres notamment le K2 dans la région du Karakorum, bien visible à l'Ouest au Parkistan.
à la différence de New Delhi, Leh, capitale du Ladakh, a encore l'apparence d'une ville à l'échelle humaine.
Les rues principales sont bondées la journée, encerclés par de très nombreux magasins touristiques qui vendent tous des fameuses écharpes en pseudo "pachmina", où des magasins de montagne avec de très belles contrefaçons hors de prix et des piolets techniques d'un autre temps, visiblement récupérés d'expédition.
On y croise de nombreux européens dans les rues, et beaucoup de jeunes partis visiblement à l'aventure en mode "Back Pack".
Sous ses faux airs de ville authentique, Leh demeure tout de même désormais très tournée vers le tourisme et nombreux sont les marchants et les agences de trekking peu honnêtes...
Notre groupe était constitué de 6 personnes,
Noel, l'organisateur principal, Bruno pompier volontaire et Facteur, Pierre interne en médecine d'urgence, Solène une étudiante et Romain un peu étudiant également.
Le voyage début par un premier trek d'acclimatation.
Une randonnée dans les vallées du Ladakh sur 7jours où on va enfin pouvoir découvrir la montagne.
De retour du GR20 bouclé en 9 jours dans sa version Alpine avec mon ami Jean, j'avais pendant cette expédition un plutôt bon cardio.
Si bien que, une fois aux "Guest House", logement d'hébergement pour les trekkers dans les villages, alors que mes amis se reposaient, j'ai eu la chance de pouvoir aller explorer les "collines" des alentours, des butes de rocaille de 500 à 800m de déniv depuis les villages, mais dépassant souvent l'attitude du Mont Blanc.
Les gens qui nous accueillent dans les villages sont très simples, très gentils aussi. Vivant de leur récolte et de leur bêtes, on sent bien qu'ils n'ont pas besoin de nous et de notre argent facile et que l'échange avec eux est beaucoup plus sain.
Je me souviens d'un sommet en particulier, un espèce de kairn géant avec des parois rocheuses peu raides mais en rocher assez délité. J'avais pris une vieille paire de chaussons de montagne que j'ai gardé aux pieds pour grimper dans ce rocher friable, dans des difficultés ne dépassant pas le 3+ ou 4 tout au mieux.
Une fois au sommet, on y trouvait de nombreux cristaux de quartze. Je retire enfin mes chaussons et libère mes pieds un peu meurtris après cette grimpounette de 500m tout de même; je me souviens de la sensation agréable du vent frais et du soleil sur la peau...
La descente s'effectue par un grand couloir d’éboulis en fin graviers. Je descends d'abord prudemment mais finalement le terrain commence à rouler sous mes chaussures, finalement je prends de la vitesse et me voila à courir dans la pente comme dans la neige fraîche, qui ralenti cependant suffisamment ma course pour que cette descente reste contrôlée ! Puis je m'enfonce dans un endroit moins dense, au dessus un énorme nuage de poussière se dessine sur le flanc de la montagne... 4h d'ascension pour gravir 600m ou 700m de déniv depuis le niveau des habitations et 10min à peine pour descendre !
Finalement arrivé près du petit hameau montagnard, je me rapproche d'une petite barre rocheuse que je longe pour éviter une végétation dense et aride.
Mes yeux s'arrêtent soudains sur une tache tigrée au soleil... Je me souviens que mon cœur s'est accéléré comme si je venais de faire une connerie, un truc grave... Réveiller la bête mythique de ces montagnes et déclencher une catastrophe... Finalement la bête ne se réveillera jamais plus de son sommeil éternel, magnifique léopard des neiges... Ouf...
Cette nuit la je ne fermerai pas l'oeil, c'est un des premiers symptômes du mal des montagnes. Mais peut être aussi parce qu'un violent orage éclate dans la nuit et que le plafond laisse fuir des petites gouttes d'eau glacées qui coulent sur mon sac de couchage.
Repartis pour un nouveau village, et un nouveau sommet colline, à plus de 5000m cette fois.
une fois en haut, je me pose, je contemple ce land désert, très aride, immense... Je me sens perdu, pourtant tout est si calme et paisible. Chaque sommet que j'ai gravi durant tous les jours de trek, même isolé, était jonchés de nombreux kairns, signe que les hommes d'ici ont eux aussi la même envie d'exploration, de savoir "ce qu'il y a derrière" comme disait Marcel Pagnol.
Je comprendrais bientôt que faire des 5000 tous les jours, non acclimaté, est un facteur de risque de faire un MAM. Le lendemain, au passage d'un col, les céphalées qui étaient déjà présentes depuis la nuit s'accentuent.
Tout cela reste contrôlable. Heureusement avec un antalgique simple et un anti inflammatoire les symptômes tendent à régresser et nous pouvons passer le col et descendre vers le dernier village, point de ralliement vers la route et la civilisation.
Après un ravitaillement à Leh, on attaque cette fois l'approche vers notre objectif d'expédition. Le Kang Yatse, un sommet composé de deux parties, sommet I à 6400m et sommet II autour de 6200m.
Les sherpas sont très désorganisés... Le guide aussi d'ailleurs, avec des informations peu fiables et ne correspondant pas toujours à notre entente avant de partir.
Le camp est monté chaque fin d'après midi, bien souvent sous l'orage et parfois la neige.
Alors que la perturbation neigeuse approche au loin, les tensions montent dans le groupe, surtout avec Pierre qui est mon compagnon de tente, un gars assez sérieux, un peu trop sans doute, avec qui le courant ne passe vraiment pas.
le matin, les orages ont déposés grêle et neige qui fond rapidement.
Les pikas sont partout dans les plaines, ces espèces de chiens de prairie minuscules bien connus des alpinistes et randonneurs pour avoir la fâcheuse manie de se servir dans les provisions.
Après 6 ou 7 jours de marche nous arrivons au Kang Yatse.
l'objectif de l'expédition était initialement le sommet 1, mais suite à une mésentente avec l'agence de trek et le guide, nous optons plutôt pour le sommet 2. Un trekking peak classique, avec un glacier suspendu et une pente à 25/30° maximum.
plus le moment de l'ascension approche, plus je suis tendu... Voyant le guide qui semble beaucoup trop évasif dans ses explications et sa stratégie d'ascension, bien loin de mon habitude de prévoir mes sorties avec une grande préparation et une organisation un peu militaire...
Les paysages sont néanmoins sublimes mais j'ai l'impression de ne pas arriver à en profiter...
Je commence à me dire que finalement le sommet on s'en fout complètement et que il faut profiter et s’émerveiller devant ce paysage unique, tellement sauvage...
Une courte fenêtre semble se présenter, autour de 19 Juillet.
On part du campement un peu tardivement à mon gout... Le début des pentes est plutôt en bonne condition, mais sur le glacier la neige est très molle, c'est vraiment dur de faire la trace.
Alors que sur les "collines" j'étais vraiment bien avec mon souffle, cette fois je me sens essouflé, obligés de faire une pause tous les 10 à 20 pas.
Après 3 ou 4h d'ascension, la météo se dégrade franchement et nous sommes pris dans le brouillard.
Bruno est derrière moi, il a des propos incohérent, il semble épuisé.
Soudain il se jette au sol, s'allongeant dans la neige.
"ça va les gars, je fais juste une petite pause, allez au sommet ce n'est plus très loin".
Pas de doute, il faut descendre, la tempête n'est pas loin, Bruno ne va pas bien ! Pourtant il nous aura fallu plus de 10min pour prendre cette decision pourtant si évidente !!!! Est ce l’attitude, l'oedème cérébral a minima, l'engagement pour venir jusqu'ici, l'égoïsme? une question qui me hante encore...
Nous stopperons l'ascension autour de 6000m non loin de l'épaule sommitale.
La descente est pénible, Bruno fait de nombreuses chutes dans la neige, enrayées par la corde entre nous. Plus nous descendons et plus son état s'améliore, finalement nous rejoignons la limite de la neige... C'est terminé...
Alors que les autres rejoignent le camp de base, je reste la un bon moment, réfléchissant à la situation...
Quelques jours plus tard, descendus à Leh, les tensions dans le groupe ont disparus...
Nous profitons de la fin de notre voyage pour visiter les grands monastères de la vallée.
ici le Bouddha du Hemis Monastery, une véritable ville monastère qui a fait la célébrité touristique de la région.
L'occasion de visiter quelques écoles également pour y apporter des fournitures scolaires collectées en France. Nous sommes impressionnés par le niveau d'anglais et le sérieux des élèves !
Ces enfants qui viennent des villages reculés et marchent parfois des jours pour rejoindre Leh aux périodes de rentrée scolaire.
Nous visitons aussi le Pangong Lake, un lac d'altitude gigantesque qui sépare l'Inde de la Chine.
Depuis le logement je regarde les montagnes au dessus... Aller, une dernière petite "colline" en solitaire pour conclure le voyage !
L'ascension est rapide, je suis très bien acclimaté maintenant.
depuis le sommet, la vue est grandiose.
Photo prise par un Kairn.
Ce coucher de soleil sera un des plus merveilleux de ma vie.
Le froid est vif à 4900m, je n'ai qu'une polaire et une veste coupe vent par dessus.
Je souffle dans mon col pour me réchauffer, essaie de contracter mes muscles des épaules et du dos pour faire du catabolisme, me rappelant les cours de physio à la fac de médecine...
mais le spectacle en vaut la chandelle !
à la nuit tombée, je descends dans les pentes caillouteuses encore une fois instables.
Je retrouve mes amis pour un délicieux repas local dans une Guest House, tout le monde semble heureux.
Voila quelques souvenirs de ce voyage qui a maintenant 5ans.
J'en garde le sentiment d'avoir beaucoup appris sur le renoncement et la gestion des émotions en montagne, de la frustration, de l'envie déraisonnable, de l'égoïsme...
Les images de toutes mes "collines" seront toujours présentes. Je suis de nature un peu solitaire et ce voyage a été une véritable égérie de la contemplation en montagne...
Merci à Noel qui est vraiment un grand grand monsieur, toujours gentil, toujours marrant, et vraiment un grand sportif !
Merci à Bruno, le clown du groupe, lui aussi toujours prêt à rigoler et rentre service.
Merci aux autres pour tous ces moments de partage, merci aux Sherpas, au guide et surtout aux Ladakhi qui nous on si bien accueillis dans leur havre de paix.
à noter que pendant mon voyage, en temps de grimpeur frustré en manque de grimpe, j'ai essayé de grimper de nombreux blocs, j'ai cassés beaucoup de prises et je me suis beaucoup cassé la gueule aussi. Le rocher est vraiment sordide, n'y allez pas pour l'escalade rocheuse ha ha
GaryMountain- Nombre de messages : 184
Localisation : Nice
Points : 388
Date d'inscription : 15/10/2015
Sujets similaires
» Retour à l'essentiel ... souvenirs, souvenirs !
» Quelques belles traces au pays du soleil levant ....
» Quelques belles traces au pays du soleil levant ....
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|