En perdition dans la foret de Ceillac

Bonjour, 
J'ai voulu partager avec vous la découverte d'un joli Vallon sauvage et d'une belle cascade isolée, qui sort un peu des sentiers battus et un peu différents de nos habituelles cascade de Gialorgues et de Roya. 

Quand vous entendez Ceillac, vous pensez sans doute aux grandes classiques du coin, sombre héros, les formes du Chao, les Y, ou alors peut être à la station de ski.
En tant qu'alpiniste du Mercantour, nous sommes habitués à la tranquillité, à la solitude même, bien souvent. Je crois que ces voies semblent peu répondre à ces critères. 
En feuilletant le topo guide de Guillaume Vallot "Cascade de Queyras" je tombe sur une belle cascade isolée dans le secteur de Ceillac, dans le Vallon des Pelouses. 
En regardant sur Ice Fall, le site qui répertorie les cascades et goulottes en conditions, on voit que cette cascade a été grimpée le 12 et qu'elle est bien formée, c'est donc parti pour aller voir de plus près la belle petite cascade sauvage du Vallon des Pelouses ! 


L'approche commence un peu avant d'arriver à la station de Ceillac; au niveau d'un lieu dit " l'aval de L'ubac", enfin c'est ce que je pensais...
Dès le début, le terrain ne correspond pas au topo ni à la carte IgN... On voit bien le vallon de Pelouses tout en haut, mais pas vraiment de chemin... On commence à monter à vue en direction du vallon dans la foret. On retrouve une piste assez rapidement qui correspond au topo et quelques marquages.

Finalement, en suivant des traces de ski de rando, on s'égare à nouveau... Toujours en coupant à travers la foret, on retrouve de nouveau un large chemin avec beaucoup de traces, puis enfin un panneau indiquant le vallon de Pelouses


On croise un magnifique petit refuge ou chalet privé tout neuf


"Ouai c'est bon on est sauvés" je me dis ! Mais non ! La cascade du Vallon de Pelouses n'est pas dans le Vallon de Pelouses à proprement parlé, mais au niveau du ravin qui délimite le vallon à sa gauche. 

Du coup, alors que jusqu'à lors on n'avait pas perdu trop de temps, on se fourvoie complètement dans la fin de l'approche, avec un passage dans la foret qui ressemble à la Somme en 1916, creusage de tranchée de rigueur et montée pénible dans les pentes raides ... Finalement on fini par trouver la cascade in extremis, on aura mit 2h30 ( le topo donnait 1h45)


Enfin arrivés, hate de grimper ! 

la cascade fait environ 55m, on peut le faire en une longueur mais j'ai préféré faire un relais intermédiaire histoire de faire un peu durer le plaisir et de pouvoir brocher autant que je veux dans la première longueur qui est plus raide. 


Le début de la cascade est un peu fin, formant un petit surplomb en glace, puis environ 10/15m à 90° avant de rompre la verticalité. 
La glace, bien que cassante, est sculptée, de nombreux crochetages possibles permettent d'économiser de l'énergie ! 


Un peu avant de passer le petit surplomb pour se rétablir sur la portion verticale


Le piolet bien ancré dans un bon trou, je peux mettre une bonne broche.


Dans le haut de la longueur je ne sens plus du tout mes doigts à cause du froid, je serre donc beaucoup trop mes piolets par réflexe. Au relais, une bonne onglet sera de mise ! 


ça se mérite cette belle cascade après une bonne approche comme ça.


La deuxième longueur est plus facile, 25m en 80/85° avec de la belle glace miroir. C'est dingue comme 5° de différence dans l'inclinaison d'une cascade et on ressent vraiment la différence à l'effort.

 
Au sommet de la cascade, le temps se dégrade. Juste le temps de redescendre, refaire la première longueur en moule et il faudra rentrer de peur de retrouver la voiture sous la neige...


Une dernière pour la route ! Guillaume Vallot avait bien raison dans son topo, cette cascade vaut vraiment le détour ! 


Selena, contente d'être dans ce beau cadre même si il fait froid et humide.