En quête d'aventure au Sommet des Aiguilles de Pelens

Les Aiguilles de Pelens... Sommet mythique, emblématique et historique de la Vallée du Var...
Jamais je n'aurai cru aller me balader au sommet de sa Grande Aiguille ! C'était sans compter sur mon acolyte, la jeune Emma à l'esprit d'aventure imperturbable, qui me proposa une semaine plus tôt d'aller passer notre weekend à rallonge au fin fond du Val Pelens.


Vendredi 25 Mars, nous voila donc parties à la découverte de ces fameuses Aiguilles et de son rocher à la réputation plus que douteuse.
Nous partons avec l'objectif de gravir la Grande Aiguille de Pelens par sa voie historique ouverte par Victor de Cessole, C.L Brossé et les guides Hippolyte Bernart et Jean Plent en 1905. Itinéraire en IV+ maximum, rien d'extrême certes, mais pour l'époque cela relève d'une prouesse incroyable. De ce temps les Friends n'existaient pas !!!! Ni même les casques d'ailleurs !... Ces aventuriers partaient simplement en costume avec leur chapeau.
Chapeau les anciens !


Nous profitons de la beauté de la route traversant les strates flamboyantes des Gorges de Daluis, puis le sympathique village de Guillaumes, pour arriver enfin dans le Val Pelens.

Méfiance, la route menant au Col des Champs est enneigée après l'Auberge des Aiguilles, les chaines sont requises afin de progresser jusqu'au virage de l'attaque de l'approche (balise 250 menant au Clot de l'Aï) et après ce virage la route n'est plus praticable avec des voitures citadines. 
Nous trouvons un sympathique petit emplacement de bivouac au bord de la route un virage avant la balise 250, dans ce vallon aucun risque d'être dérangées par la circulation !

Avons que la nuit ne tombe, nous nous aventurons sur le début de l'approche pour un petit instant de repérage.
Nous avons bien fait, à notre grande surprise et à la différence de la face Sud des Aiguilles, le vallon en face Nord est complètement enneigé !! Aïe aïe aïe, l'approche de demain s'annonce folklorique !!!




En tout cas, nous resterons subjuguée par la beauté de ce lieu si paisible et sauvage...

Après une bonne nuit quelque peu frisquette, nous attaquons la marche d'approche à 6h et profitons d'un magnifique levé de soleil.



Les Aiguilles se rapprochent et deviennent de plus en plus belles et imposantes...




La neige est bonne et portante jusque dans le vallon au pied du couloir que nous rejoignons en 40min. Il n'en sera pas autant de la neige dans le couloir...
 
C'est parti pour 2h30 de pure bonheur à brasser jusqu'à la hanche dans de la neige sans portance sur les 300m de couloir raide. 
Sur le dernier tiers du couloir nous aurons même la chance de glisser sur le pierrier gelé qui se présentera sous la neige fuyante. UN REGAL 




Il est environ 9h quand nous réussirons à rejoindre le sommet du couloir. Avec un supplément fracture au mental pour ma part, une petite pause sera nécessaire avant d'attaquer la partie rocheuse de la course.




Emma quant à elle pète e encore le feu ! Trop forte la dame ! 
En second plan nous pouvons apercevoir l'Aiguille de Pracleron que nous allons devoir contourner par son versant Sud.



En tout cas, le rocher est bien sec et le soleil est au beau fixe !!! La journée s'annonce intense 



Nous nous équipons au Rocher des chèvres, puis hop ! C'est parti pour l'aventure !!! 


Emma s'élance sur l'Aiguille de Pracleron, ascension raide initiale puis en traversée sur la droite jusqu'à rejoindre une belle épaule où elle fera relais.




Miam les jolies strates sédimenteuses toutes ouvertes à la pose de Friends !




Après le passage de l'épaule, une désescalade de quelques mètres nous attends puis une traversé nous permet de contourner l'Aiguille de Pracleron.
Emma fait relais quelques mètres avant la brèche du saut en arrivant en bout de corde (nous nous sommes encordées à 30m avec un brin de corde à double).




A la brèche du saut, un relais avec cordelette nous attend et marque le début de "la voie" à proprement parlé. 
Jusque là, la progression s'est déroulée sans problème.

Néanmoins, à l'attaque de L1 nous nous perdrons dans la recherche d'itinéraire malgré tous les bons conseils et schéma de nos amis alpinistes ayant déjà parcourue cette course (encore merci à toi Gary!!) : "légère ascension à droite, puis revenir sur la gauche pour rejoindre les pitons du passage raide". En réalité l'ascendance vers la droite est vraiment de quelques mètres, 3m tout au plus, on revient rapidement en ascendance gauche le piton étant quasiment droit au dessus de la plateforme. Malheureusement, notre myopie nous aura joué des tours sur ce coup... 

 


Qu'il est délicat et déroutant à la fois de progresser sur ce rocher si délicat avec des chaussures aussi grosses. Nous nous sentons quelque peu maladroites il faut le dire, mais pour autant le cadre est incroyable, la grimpe magnifique, et le rocher, même s'il demande une attention toute particulière, n'est vraiment pas si mauvais !



Je fais relais comme attendu sur la plateforme au dessus du surplomb, puis enchaine avec L2 qui se déroule dans une belle fissure au dessus et en ascendance vers la droite. Superbe longueur toute en finesse et en opposition dans un joli style cheminé comme j'aime ! 
A nouveau une épaule, et un relais.


Et il n'y a pas qu'à moi que la grimpe plait ! Le visage d'Emma en dit long sur le plaisir que procure cette ascension !  




En même temps dans un cadre si grandiose...




Elle s'extasiera même sur la beauté du relais ahah




C'est ensuite au tour d'Emma de repartir en tête pour l'ultime longueur grimpante, L3, à nouveau un magnifique dièdre-cheminé ! 




Un petit peu de souplesse est requise dans ce style. 




Bonjour Chevalier Victor de Cessole ! 



Petit bout de corde tendu puis...
SOMMET ! 



Un vrai régale et quelle chance de pouvoir fouler ce sommet emblématique du 06, si imprégné de l'histoire Alpine de notre région !!
Les petites Bouquetins sont très heureuses de cette découverte ! 

Et pourtant l'aventure n'est pas finie !! La descente de ce sommet à bien l'air tout aussi aventureuse que son ascension !!
En effet une fois au sommet il faut revenir sur ses pas jusqu'à rejoindre le relais R3 (petit brin de cordelette orange dans une lunule qui n'inspire que très peu confiance) afin de désescalader le couloir strictement au niveau du relais. On peut assurer le leader par le haut et poser de bonnes progressions pour la descente du second. La désescalade se fait sur 10-15m, et se termine par un passage dans une fissure très peu engagente mais qu'il faut pour autant désescalader elle aussi puisque le relais de rappel se trouve à son pied.
Ne sachant pas vraiment à la base si le rappel faisait plus de 30m, nous avions avec nous le deuxième brin de corde dans le sac tout au long de l'ascension ce qui nous a permis de réaliser un rappel de près de 40-50m et de nous rétablir quasiment au niveau de la brèche du saut. 
Il est pour autant intéressant de savoir qu'un seul brin peut suffir, car après le rappel de 30m il est possible de désescalader la fin du couloir. 

Nous avons donc fait un long rappel, installé un relais quasiment à la Brèche du Saut, et à partir de cet instant il faut revenir au rocher des chèvre par le même itinéraire qu'à l'aller en protégeant et en tirant des longueurs. 


Relais de fin de rappel pour rejoindre la Brèche du Saut : 




On recommence le contournement de l'Aiguille de Pracleron : 



Puis on rejoint le Rocher des chèvres et enfin le couloir face Nord avec sa douce neige tant redoutée... 

Je m'étais vraiment préparée au pire au vu de l'ascension du matin, mais la descente ne sera finalement pas si terrible. Nous avons tout de même bien pris notre temps afin de limiter au maximum le risque d'une glissade malencontreuse dans ce couloir plutôt raide.




La lumière décline il se fait tard...
Nous profitons de la lumière vespérale qui vient illuminer les vallées de ses couleurs charmeuses...



Merci à Emma, fidèle partenaire de cordée, pour son esprit d'aventure, sa patience et sa ténacité, sans qui cette course n'aurait jamais eu lieu. Une jeune alpiniste bien douée de notre contrée, c'est une chance que de pouvoir progresser à ses côtés ! 





Ascension de la Grande Aiguille de Pelens le 26 Mars 2022.
Sacrée course qui restera gravée dans nos mémoires bien longtemps, et qui va faire briller le fond de nos pupilles pendant encore quelques jours...

Alpinistes en quête de nouveauté : la beauté de Pelens et toutes ses difficultés vous y attendent, la trace est faite !